Des lèvres parcourues par une langue gourmande, des robes ou des bouquets de fleurs qui dévoilent parmi leurs replis la forme d’une vulve, des champignons qui se prolongent en mamelon, une femme surréaliste dont le crâne fleurit en bouquet et au buste enserré dans un cordage « bondage » : espiègle et jubilante, la création de Lidia Kostanek explore la sexualité féminine.
Sexualité, sensualité, monde fantasmatique, mais aussi corps soumis ou violenté : un propos féministe parcourt de part en part un travail dominé par la céramique (parallèlement à une belle œuvre de graveuse), d’une poésie qui n’exclut ni le fantasque, ni l’acerbe, ni l’humour. Il s’agit ici d’une plastique figurative centrée sur le corps, plus précisément le corps des femmes, et qui reven- dique sa réappropriation. Partant, elle traite du regard socialement construit sur la femme, la féminité et la sexualité féminine, mais aussi des tabous ou de l’obscénité et de l’intériorisation de ce que signifie socialement « être femme ». Si Lidia Kostanek ne se refuse pas à figurer réalistement un sexe, elle préfère l’élégance de la délicatesse à la provocation, souvent aussi superficielle que tapageuse (celle des Deborah De Robertis, de Milo Moiré ou de Catherine Bay). Dans son art, la forme d’un modelé fin, précis, classicisant - est, selon la célèbre formule de Victor Hugo, « le fond qui remonte à la surface ». Son œuvre encourage, pense le dépasse- ment du conditionnement intériorisé du sexe, c’est-à-dire le passage de la femme-objet, déterminée par les injonctions et les fantasmes des autres, à la femme-sujet, actrice de son devenir, maîtresse de son corps et de ses désirs.

À l’occasion de cette exposition, quelques gravures et quinze à vingt sculptures, anciennes et nouvelles, seront montrées, dont « une grande robe en céramique, qui sera peut-être une pièce centrale », annonce l’artiste. Elle occupera le premier étage de la galerie, le deuxième étant réservé à la peintre Hélène Duclos. ■

"Lidia Kostanek. De la femme-objet à la femme-sujet"
l’article de Mikaël Faujour dans la revue de la Céramique et du Verre, janvier - février 2019